Jef Geys et Oscar Murillo, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Bien que traité de deux façon singulières, le Wiels nous propose une plongée dans les témoignages du temps des artistes Jef Geys et Oscar Murillo. Éloignés mais complémentaires, cycliques et se nourrissant continuellement d'essais précédents, deux artistes viennent ici se rejoindre pour ne former qu'un épicentre du temps introverte et pourtant émancipateur à l'échelle d'une société.
Quelle partie de notre vie sommes nous en train de vivre ? Une ligne-une courbe du temps ? Croise t'elle d'autres temps ?

Les étages consacrés à Jef Geys, curatés par Dirk Snauwaert et Charlotte Friling, sont d'une infinie justesse et clarté quand à la compréhension du travail de l'artiste. Les 10 séquences-pièces, comme 10 commandements qu'il faudrait suivre pour arriver à comprendre l'ampleur du travail de l'artiste, nous permettent avec simplicité de comprendre son évolution, en rentrant dans son intimité et en y favorisant la compréhension des liens qu'il amène entre chaque proposition. À l'inverse du white cube, l'art contemporain ici situé, nous est offert avec sobriété.

L'étage consacré à Oscar Murillo, curaté par Helena Kritis, épate par son travail de mise en scène. L'emprise spatiale (à la différence de l'accumulation d'éléments de dimension plus modeste pour Jef Geys) vient créer un vocabulaire propre autour de la question du temps. Le musée n'a pas vocation à toucher tout le monde de la même manière et le partage d'expériences différentes permet à tout à chacun de rentrer différemment dans les propositions des artistes et curateurs.
En nous donnant la possibilité de se balader dans l'œuvre, on créer avec elle un rythme qui lui est propre; lent, contemplatif et ponctué de déchirures ou d'impossibilités. Quelque chose d'aussi intime présenté en si grand format, sur écran géant, peint et maculé interpelle vraisemblablement.

L'échelle de la proposition y est alors parfaite entre les étages consacrés à Jef Geys et l'ouverture finale sur le paysage du dernier étage. Toutes les échelles temporelles sont abordées. Comment se situer par rapport aux autres ? Qu'est ce qui va aujourd'hui avoir une influence sur demain ?
Deux expositions effectivement consacrées en apothéose par l'ouverture des portes de l'ascenseur sur le 5e et dernier étage, face à l'apparente quiétude du marais wiels contemplant à son tour les trains qui traversent la ville mouvante.
Chacun de nous est ici créateur de tout instant et libre de s'approprier une temporalité qui lui est propre. Dans une ville-société où tout s'accélère, voici une exposition qui redonne au visiteur la capacité de s'affirmer dans son quotidien, à son échelle. Chacun de nous est du temps précieux.

Un musée et ses deux expositions où se rendre rapidement.